(ndlr: extrait le 26 novembre 2009 du site:
www.Copenhague-2009.com )
Monsieur le Président,
Au mois de décembre de cette
année se tiendra à Copenhague le Sommet de l’ONU sur le climat. Confrontés au
péril climatique, les dirigeants du monde entier devront parvenir à surmonter
leurs divergences d’intérêts de court terme pour se rassembler autour d’un
projet politique mondial fondé sur un constat scientifique objectif et ainsi
donner une suite au protocole de Kyoto qui soit à la hauteur des enjeux que nous
allons devoir tous ensemble affronter dans les décennies à venir. Le résultat de
cette conférence dessinera l’avenir climatique de l’humanité. Or comme le
rappelait il y a un an le secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-Moon, «
nous sommes au bord d’une catastrophe si nous n’agissons pas ».
Acteurs
reconnus de la protection de l’environnement, des droits humains et de la
solidarité internationale, conscients des responsabilités qui sont les nôtres,
nous avons décidé pour la première fois de parler d’une seule voix pour vous
exprimer publiquement notre préoccupation et vous appeler à agir avec ambition
et détermination lors de la Conférence de Copenhague. Au regard de l’ultimatum
climatique auquel l’humanité est confrontée aujourd’hui, Monsieur le Président,
vous aurez rendez-vous avec l’Histoire en décembre 2009.
Le réchauffement
du système climatique est sans équivoque. L’activité humaine en est la cause.
Ses impacts se font déjà ressentir en différents points du globe, notamment par
la multiplication des catastrophes climatiques. Si nous n’agissons pas
maintenant, ils seront sans aucun doute encore plus dévastateurs. C’est le
constat sans appel de 2 500 scientifiques du monde entier qui ont reçu
collectivement le Prix Nobel de la Paix en 2007 pour leurs travaux sur le
phénomène des changements climatiques. Depuis, de nouveaux éléments
scientifiques montrent, chaque jour, que le climat se dérègle au-delà des
prévisions les plus pessimistes, avec des conséquences bien plus précoces que
prévues et d’ores et déjà visibles.
S’il est encore difficile d’évaluer
avec précision l’amplitude des impacts, le danger est en revanche déjà certain.
Ecosystèmes ravagés, variabilité climatique extrême, hausse du niveau des
océans… : les premières victimes de ces catastrophes en chaîne sont les
populations déjà vulnérables en Afrique subsaharienne, en Asie centrale, du Sud
Est ou dans de nombreux pays insulaires. La sécurité alimentaire, l’accès à
l’eau ou à la terre sont gravement menacés et des centaines de millions de
personnes risquent d’être poussées à l’exode, grossissant les rangs de ceux que
l’on nomme les « réfugiés climatiques ». Dans un monde de crises, nous craignons
que la guerre, l’autoritarisme, les inégalités, la misère et la souffrance
humaine prennent encore un peu plus le pas sur la paix, la dignité humaine et la
démocratie.
L’urgence climatique nous commande donc d’agir à la hauteur
des périls qui sont devant nous. Nous maîtrisons déjà la plupart des
technologies nécessaires pour relever le défi d’un mode de développement qui
intègrerait à sa juste mesure l’impératif climatique. De plus, cette rupture
avec un modèle de développement hérité d’un passé révolu recèle des opportunités
d’économies, d’emplois et d’innovations considérables. Encore faut-il que nous
prenions la décision politique de le faire.
Tout d’abord, il faut
impérativement parvenir à stopper la croissance des émissions mondiales de gaz à
effet de serre d’ici à 2015 avant de les faire décroitre. C’est la seule voie
pour limiter le réchauffement des températures bien en-dessous de 2°C, seuil
au-delà duquel la capacité à s’adapter de nos sociétés et des écosystèmes est
menacée. Pour ce faire, Les pays industrialisés, dont la France, doivent
s’engager collectivement à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre d’au
moins 40% d’ici à 2020 par rapport à 1990.
Mais cela ne sera pas
suffisant. Les pays en développement doivent, eux aussi, mettre en place les
politiques industrielles, énergétiques et agricoles qui limiteront la croissance
de leurs émissions avant de les réduire, sans compromettre leur légitime
aspiration au développement économique et social. L’accord de Copenhague devra
permettre à ces pays d’évoluer vers des modèles sobres en carbone. Il devra
aussi leur permettre de s’adapter aux conséquences inévitables du changement
climatique.
Pour nombre d’entre eux, en particulier les plus vulnérables,
ces actions ne pourront se faire sans le soutien financier et technique des pays
industrialisés. Les besoins d’ici à 2020 sont évalués à plus de 100 milliards
d’euros par an. C’est moins de 10% des dépenses militaires
mondiales.
Responsables de la majorité des émissions de gaz à effet de
serre aujourd’hui dans l’atmosphère, munis de capacités d’action plus fortes,
les pays industrialisés portent la responsabilité morale, légale et économique
de mener le combat contre le dérèglement du climat. Monsieur le Président, vous
vous devez de prendre la tête de ce combat qui est sans aucun doute l’enjeu de
ce siècle. Notre avenir commun dépendra dans deux cents jours des choix
politiques qui seront faits.
Serge Orru,
WWF-France
Pascal Husting, Greenpeace
France
François Danel, Action contre la
Faim
Olivier Braunsteffer, Care France
Souhayr
Belhassen, FIDH
Nicolas Hulot, Fondation Nicolas
Hulot
Anne Bringault, Les amis de la
terre
Michel Bruguière, Médecins du Monde
Luc
Lamprière, Oxfam France Agir Ici
Sandrine Mathy,
Réseau Action Climat
Michel Roy, Secours
Catholique